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Quand le gouffre se creuse entre expertise et technologies géospatiales disponibles

13 octobre 2022

Quand le gouffre se creuse entre expertise et technologies géospatiales disponibles

Récemment s’est déroulé le congrès InsureTech Connect 2022, auquel ont participé des compagnies d’assurance ainsi que leurs fournisseurs de technologies. Qu’y ai-je appris? Que si j’étais une compagnie d’assurance et que je devais en apprendre plus sur les données géospatiales pour appuyer les modèles de risques développés par mon entreprise, je serais complètement perdu ! Constatation d’un vide abyssal.

Il y a quelques semaines, j’ai publié un article sur le sujet pour illustrer le sort actuel des utilisateurs potentiels de la technologie géospatiale et le nombre croissant de fournisseurs de technologies de localisation. Je conclus l’article en disant que :

« L’écosystème de la technologie géospatiale est désormais considérable et en croissance, le besoin de données très précises et à jour est énorme et les utilisateurs se trouvent souvent devant un abîme d’inconnu. »

Visiblement, si vous êtes à la recherche d’utilisations potentielles des technologies géospatiales, il vous faudra nécessairement savoir qui sont les fournisseurs de données et de logiciels, quels sont leurs produits et quelle valeur vous obtiendrez pour l’argent qu’ils vous demandent. C’est ce genre d’échanges qui ont eu lieu lors du congrès InsureTech Connect.

La technologie géospatiale s’invite à InsureTech Connect 2022

D’abord, quelques observations. Comme prévu, les exposants représentaient des sociétés offrant des plateformes d’assurance d’entreprise, par exemple Duck Creek, Guidewire et d’autres, ainsi que des intégrateurs de solutions comme EY et Deloitte. Mais on y trouvait aussi un nombre étonnamment élevé d’entreprises du domaine des données et des technologies géospatiales. Ce fut très informatif d’entendre cette quinzaine d’entreprises expliquer leur proposition de valeur à ce public particulier. Il apparaissait clair que la technologie géospatiale était populaire et démandée. Presque autant que dans une Esri User Conference… mais sans Esri. Ce fut bien sûr hautement instructif de voir les nouveaux produits présentés par des sociétés comme Vexcel, Nearmap et EagleView. Ou d’autres encore, comme BetterView, GeoX et Arturo.ai, qui proposaient des solutions géospatiales.

Mais il y en avait bien d’autres. En déambulant dans l’exposition, l’on se rendait bien compte que les noms ou URL d’exposants qui ne contenaient pas « IA » ou « IO » étaient une minorité… Si vous vendiez de jolies images satellites, des attroupements se formaient (le plaisir des yeux a la cote). Si votre offre ne contenait pas au moins 1000 attributs de propriété ou plus… alors désolé, pas intéressé. Bon, j’exagère peut-être un peu.

Tout cela pour dire que ce contingent d’entreprises géospatiales voulait montrer qu’elles avaient soit le modèle d’intelligence artificielle (IA) le plus perfectionné — et exclusif — pour extraire des caractéristiques d’images satellitaires ou aériennes, soit elles disposaient des images les plus récentes disponibles à partir desquelles ces caractéristiques pouvaient être considérées comme « à jour ». Cette réorientation de la technologie géospatiale d’un modèle horizontal à une gamme verticale de produits offerts aux compagnies d’assurance représente un véritable tournant dans le monde des affaires. La géospatiale n’est plus reléguée au statut de technologie ultra nichée, utilisée seulement pour l’étude du marché.

Pourquoi est-elle importante dans le contexte des assurances? Parce que l’assurance est essentiellement géographique. Cette affirmation pourrait sembler totalement incongrue pour les acteurs de ce domaine, mais il est impossible de souscrire une police, d’évaluer des réclamations ou de déterminer la valeur d’une propriété sans données de localisation. L’ensemble du volume d’affaires d’une compagnie d’assurance en risques divers se fonde sur des mesures du risque par emplacement géographique. En guise d’exemple récent, il suffit de penser aux dégâts causés par l’ouragan Fiona dans les maritimes canadiennes. Ou encore à l’ouragan Ian de catégorie 4 qui a frappé Fort Myers Beach et Sanibel Island, en Floride, et qui a poursuivi sa route dans l’Atlantique, puis bifurqué à gauche en ouragan de catégorie 1 vers la ville de Charleston, en Caroline du Sud, lui infligeant des dégâts substantiels.

Des défis bien présents

Que manque-t-il? Deux principaux problèmes se posent. Le premier : de nombreuses entreprises technologiques exposantes étaient de grands fournisseurs de plateforme d’assurance d’entreprise, notamment Duck Creek, EIS, Guidewire et Majesco. Comment la technologie géospatiale s’intègre-t-elle à ces plateformes, puisque ce sont elles qui offrent des solutions SaaS modulaires nuagiques pour les risques, les réclamations, la souscription, etc.? Ce n’était pas très clair, à moins de poser les bonnes questions. Et en creusant un peu, on trouvait le problème. Il existe un décalage entre les besoins et ce que ces solutions d’entreprise sont capables de faire en matière d’intégration des données sur le risque à partir de la technologie géospatiale. C’est ici que la vaste expérience de Korem entre en jeu : nous sommes en mesure d’aider les plus grandes compagnies d’assurances à mettre en œuvre leur stratégie de modernisation.

Le second problème touche les fournisseurs d’imagerie. Les compagnies d’assurance devraient demander à ces fournisseurs pourquoi exactement leur modèle d’IA serait le meilleur. Est-ce en raison de leurs algorithmes exclusifs ou parce que les modèles qu’ils utilisent ont une imagerie à résolution plus élevée? Ou les deux? Le défi consiste à démontrer que les meilleurs algorithmes sont le résultat même d’une meilleure imagerie. Ainsi, pourquoi payer plus cher? Dans le cas d’une réclamation d’assurance après un ouragan, est-ce vraiment nécessaire que l’imagerie permette de voir si le toit est endommagé à 25 % ou à 50 %? A-t-on vraiment besoin d’une précision spatiale à un mètre ou 50 centimètres et devrait-on payer pour cette précision? Le toit devra être remplacé de toute façon… Il suffit que l’imagerie permette de constater que le toit est substantiellement endommagé, et la décision devient binaire…

Perte totale

Verisk, une compagnie de modélisation de catastrophe, estime que les dommages associés à l’ouragan Ian pourraient se situer entre 42 et 57 milliards de dollars, et que la majorité de ceux-ci ont été causés par le vent.

La ville de Tampa, en Floride, où l’on craignait que Ian ne cause un glissement de terrain alors qu’il s’approchait du golfe du Mexique, n’a finalement pas été directement touchée. La distance entre Tampa et Fort Myers est d’environ 200 kilomètres. Cet écart dans la trajectoire de l’ouragan, qui a frappé la région moins populeuse de Fort Myers plutôt que la région métropolitaine majeure incluant St Petersburg et Clearwater, a probablement épargné plusieurs milliards de dollars de réclamations. Ce n’est évidemment pas source de réconfort pour les personnes dont la vie a été littéralement bouleversée, mais les compagnies d’assurance peuvent se consoler du fait que les dommages auraient pu être bien pires.

Ce qu’il faut retenir

Les compagnies d’assurance doivent comprendre la valeur de la technologie et des données géospatiales. Certaines sont en très bonne voie d’y parvenir, alors que d’autres traînent un peu de la patte. Un représentant d’une entreprise de solutions logicielles m’a affirmé que la plupart des représentants de ces compagnies n’avaient pas la moindre idée de ce qu’était la technologie géospatiale. On peut alors se demander comment leurs modèles sont développés s’ils n’incluent pas un géocodage de précision et des données de risque actuelles… Le fossé entre la technologie disponible et l’expertise permettant de l’exploiter se creusera sans l’aide d’équipes pouvant réduire cet écart. Korem comprend bien ces défis et peut combler le manque d’expertise de votre entreprise.

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